Du 31 janvier au 4 février 2011 se tiendra à Ouagadougou, une conférence internationale de haut niveau dénommée « Vision Afrique ». Plus de six cents (600) experts en développement, économistes, sociologues, théologiens, leaders d’église, chercheurs et hommes d’affaires issus de l’Afrique et de sa diaspora, sont attendus à ce rendez-vous pour réfléchir sur le thème principal, « Vision Afrique : l’Eglise s’engage pour un développement intégral en Afrique ». Dans ce cadre, nous avons rencontré le président du comité d’organisation, le Pasteur Moïse Napon qui nous situe sur les enjeux de cette grande-messe du monde évangélique. Sidwaya : Qu’est ce que la conférence « Vision Afrique » ? Pasteur Moïse Napon (Past. M. N) : C’est une tentative de réunir l’ensemble des Eglises évangéliques du Burkina Faso, d’Afrique et de la diaspora pour voir un peu quel type de ministère nous pouvons bâtir pour participer au développement de l’Afrique ? C’est une conférence de haut niveau qui va réunir des leaders, qu’ils soient ecclésiastiques ou laïcs, pour réfléchir sur la capacité de l’Eglise à s’intégrer dans la problématique du développement de l’Afrique. Cette rencontre va nous amener à interroger notre histoire, c’est-à-dire faire un flash back pour voir comment nous avons travaillé dans le sens du développement depuis que l’Eglise existe en Afrique. Nous allons également comptabiliser nos acquis, faire le diagnostic du travail que nous faisons afin d’évaluer la contribution que nous apportons présentement au développement de l’Afrique. Le plus important c’est que le passé et le présent vont nous permettre de définir des stratégies pour une participation beaucoup plus efficace dans ce que nous avons appelé l’émergence d’une Afrique nouvelle. Déjà en l’an 2000, les églises et les organisations chrétiennes se sont demandées s’il n’était pas important de considérer l’an 2000 comme une année jubilaire pour remettre les pendules à l’heure, prendre un nouveau départ, se donner de nouvelles chances pour changer les choses dans la vie. Plusieurs pays d’Afrique sont dans les festivités des cinquante ans d’indépendance ; cela est une raison valable pour l’Eglise aussi de savoir ce qui a été fait pendant ces 50 ans et qu’est-ce que nous pouvons faire pour mieux positionner l’Afrique sur l’échiquier international. Sidwaya : On a longtemps parlé du rôle holistique de l’Eglise dans le développement de l’homme. Quel bilan peut-on en tirer aujourd’hui ? Past. M. N : Le rôle holistique ou ce qu’on appelle encore le ministère intégral de l’Eglise malheureusement n’avance pas comme il se doit. Les Eglises évangéliques avaient cru que leur rôle était purement spirituel. Aussi, l’Eglise était restée dans un vase clos et dans un château d’ivoire et on ne faisait rien sur le plan du développement socio-économique. Aujourd’hui, il y a une petite évolution dans ce sens. Personnellement, depuis près de 25 ans, je ne fais que prêcher le ministère holistique de l’Eglise et plusieurs d’entre nous qui ont compris cela, ont essayé de casser les frontières et de supprimer la dichotomie qui existait. Cette conférence va aller au-delà de cela, parce que c’est l’Eglise entière que nous voulons sensibiliser. Il y a des cadres dans les églises qui pensent que leur rôle c’est de simplement venir à l’église. Pourtant, ils doivent aider l’Eglise à remplir son œuvre de ministère intégral. C’est très important que l’Eglise y parvienne. Ce n’est pas un choix, c’est une obéissance à ce que Dieu attend de l’Eglise. Sidwaya : l’Eglise a-t-elle les moyens pour cela ? Past. M. N : Ce n’est pas seulement de l’argent qui va nous permetre d’y parvenir. C’est un état d’esprit, c’est une détermination. Il y a certainement des besoins matériels mais il y a beaucoup plus de besoins dans d’autres domaines. Aucun développement ne peut se faire dans un Etat où il n’y a pas d’éthique, où la population n’est pas réconciliée avec elle-même, où il y a de l’instabilité etc. Avec les valeurs d’union, d’unité et d’amour du prochain que prône l’Eglise, on pourra consolider ce que font les autres pour le développement. L’Eglise ne substituera pas l’Etat, parce que nous croyons que l’Etat a été institué par Dieu et que l’église doit le soutenir. Sidwaya : Ouagadougou a la renommée d’organiser les grandes conférences sans qu’il n’y ait pour autant de grands changements. Quelle sera la particularité de « Vision Afrique » ? Past. M. N : Cette conférence va être différente par l’objectif poursuivi. Nous avons dit que la conférence doit faire 3 choses : regarder en arrière pour célébrer ce que Dieu nous a aidés à réaliser, regarder notre état actuel et analyser pour voir ce que nous faisons de bien, ce que nous pouvions faire et que nous n’avons pas fait et nous confesser devant le Seigneur. Non seulement nous posons le problème mais là où nous n’avons pas réussi, nous voulons apporter cela devant le Seigneur. Nous allons lancer des « pétitions à Dieu » pour l’avenir de l’Afrique. Il y a donc l’aspect scientifique et l’aspect spirituel. Toutes les conférences ne vont pas dans ce sens là. Nous pensons que Dieu peut intervenir pour changer le cours de l’histoire. A cause de cette foi, nous croyons que Dieu n’a pas condamné l’Afrique à un désespoir où il n’y a que des malheurs. Nous croyons que Dieu nous a destiné au bonheur et donc nous allons travailler avec à esprit que Dieu peut intervenir pour changer le cours de l’histoire. Pour le commun des mortels, cela semble être une façon de singer les autres en faisant aussi une conférence. Mais la réalité, c’est que si Dieu nous a appelés à organiser cette conférence, c’est qu’il veut faire quelque chose pour nous. Cette conférence n’est pas comme les autres parce que ce n’est pas un discours qu’on est venu écouter. Nous sommes là pour travailler. Sidwaya : Pourquoi l’avoir intitulée « Vision Afrique » ? Past. M. N : Nous avons parlé de vision et c’est réellement une vision ; ce n’est pas un rêve mais une vision. Lorsqu’on regarde le continent, on se pose des questions . On se demande s’il y a une raison pour que l’Afrique qui a enrichi le reste du monde, qui a des hommes capables, admirés partout dans le monde, pourquoi cette Afrique doit être le continent qui est à la traîne ? Ce n’est pas normal. On dit souvent que l’Afrique est mal partie mais on ne peut pas continuer à mal partir. Il faut qu’à un certain moment, on s’arrête et qu’on dise que maintenant nous pouvons partir sur le bon pied et que nous voulons que les choses changent. C’est donc un appel de l’Eglise. Quelqu’un a dit que l’Eglise ne doit pas être là seulement pour montrer au monde qu’il doit aller au ciel mais le royaume de Dieu doit venir dans le monde. Le règne de Dieu doit venir dans le monde pour le transformer. Il y a beaucoup de choses qui ont besoin d’être transformées pour que le monde soit meilleur Sidwaya : Des dispositions seront-elles prises pour une mise en œuvre des conclusions ? Past. M. N : Ce sont des groupes thématiques qui vont travailler ensemble pour arriver à des conclusions. Les conclusions par region seront synthétisées et, il y aura des recommandations. Le tout fera l’objet d’un livre de la conférence, parce que cette conférence n’est pas une fin en soi mais, c’est le début d’un mouvement qui va couvrir toute l’Afrique et même la diaspora. En 2015 nous aurons une autre grande conférence qui va se pencher sur ce que l’Eglise a pu réaliser par rapport à ses objectifs et quel a été la contribution de l’Eglise par rapport à ces objectifs ? Avant cela il y aura deux conférences régionales qui vont permettre d’intensifier cette vision d’une Afrique nouvelle où il y a la prospérité, la paix , la sécurité… Ces groupes doivent arriver à dire : voici les défis que l’Eglise doit relever, voici le rôle que l’Eglise doit jouer, la place qu’elle doit occuper . Sidwaya : Comment prendre part à cette conférence ? Past. M. N : Pour participer, c’est très simple, il faut s’inscrire. Evidemment ce n’est pas n’importe qui, c’est quelqu’un qui peut justement débattre des questions à un niveau élevé. Des questions qui vont amener un changement profond. Tous ceux qui peuvent le faire, peuvent s’inscrire. Au niveau du Burkina Faso l’inscription fait 75 000 F CFA. Les églises aussi font des inscriptions et des contributions et vous pouvez vous inscrire au niveau de l’Eglise et elle verra avec vous ce qu’il faut faire. De tout façon tout le monde est invité, tous ceux qui peuvent contribuer à faire quelque chose, sont invités pour qu’ensemble nous changions l’Afrique. Ce changement est en cours parce que dans les réflexions du cinquantenaire, les Etats pensent qu’à partir de maintenant, il faut faire quelque chose de nouveau. L’Eglise ne doit pas être en reste . Elle doit participer parce que Dieu nous a mis dans ce monde pour être le sel de la terre, la lumière du monde. Nous ne devons pas nous circonscrire et nous mettre en dehors de cette société parce que nous sommes chrétiens, ou parce que nous irons au ciel. Le ciel commence ici. Interview réalisée par Pauline YAMEOGO Sidwaya]]>

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